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Histoire de l’Académie

D 8 avril 2020     H 15:22     A P     C 1 messages


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Trois siècles d’histoire… ou presque

Une période faste, le XVIIIe siècle

Avec près de trois siècles d’existence, l’Académie des Belles-Lettres, sciences et arts de La Rochelle revendique d’être la plus ancienne structure associative de La Rochelle. C’est en effet dans les années 1730, que les membres d’un cercle littéraire constitué dans la capitale de la généralité de La Rochelle, demande la reconnaissance officielle de leur association à l’instar des autres académies fondées dans le royaume.

La nouvelle académie se place sous la protection d’un membre de la famille royale, le prince de Conti, et obtient du souverain en avril 1732 des lettres patentes qui lui accordent une reconnaissance officielle. La société, par ses statuts inspirés de ceux de l’Académie d’Angers, se donne initialement une vocation exclusivement littéraire sans vouloir s’occuper de « matières d’État », de politique ou de religion. L’Académie de La Rochelle est ainsi la 13e académie de province à être établie dans le royaume qui en comptera 34 à la veille de la Révolution. Elle se dote d’un sceau qui porte sa devise Victrice Minerva qui évoque le combat victorieux qui oppose la déesse à Neptune. En faisant surgir du sol un olivier, Minerve victorieuse symbolise la prééminence des biens de l’esprit sur les profits tirés du commerce. Tout un programme dans un port aussi actif et aussi prospère que celui de La Rochelle.

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Sceau de l’Académie, ivoire et argent, XVIIIe siècle

Après les quinze premiers membres nommés par le roi, les académiciens de La Rochelle désignent pour les rejoindre des juristes, des érudits et des hommes de science qui se réunissent chaque semaine pour discuter de l’actualité littéraire et organisent tous les ans une réunion publique à laquelle les autorités et les notabilités de la ville sont invitées et au cours de laquelle sont présentés les principaux travaux des académiciens.

Au cours du siècle, la nouvelle académie organise plusieurs concours, une formule particulièrement appréciée par les académies ; celui de 1767, financé par le président Dupaty, porte sur l’Eloge d’Henri IV et donne lieu à l’émission d’une médaille qui fait aujourd’hui encore l’objet de tirages réguliers. L’Académie publie également trois recueils contenant les articles de ses membres. Parmi ses membres correspondants figurent des personnalités prestigieuses comme Voltaire ou Réaumur.

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Médaille de l’Académie

Une évolution ne tarde pas à se faire sentir dans les centres d’intérêt de l’Académie, une appétence sans cesse croissante pour les questions techniques et surtout pour l’histoire naturelle, en lien avec l’ouverture sur le monde du port et de la ville. Les thèmes adoptés pour les concours témoignent de cette évolution : la réalisation d’une voiture de transport plus roulante et plus légère, susceptible de ne pas dégrader les chemins publics en 1784, la distillation des vins en 1787, ou, en 1790, la recherche des moyens de développer le commerce des sels d’Aunis et de Saintonge.

Une personnalité incarne cet intérêt pour l’histoire naturelle, Clément Lafaille, contrôleur à l’ordinaire des guerres (1718-1782), collectionneur impénitent et esprit curieux. A sa mort, le savant académicien lègue à la compagnie son cabinet de curiosités dont le mobilier a été réalisé par des ébénistes parisiens et locaux, ainsi que sa riche bibliothèque et son médaillier. Ses livres rejoignent la riche bibliothèque déjà constituée par l’Académie qui installe ses collections y compris le cabinet d’histoire naturelle dans une maison contiguë à l’Hôtel de ville achetée grâce au legs Lafaille. L’Académie décide d’ouvrir sa bibliothèque et le cabinet au public.

Illustration du prestige acquis par l’Académie, lors de la visite incognito qu’effectue l’empereur d’Autriche Joseph II, frère de Marie-Antoinette, dans le royaume et la ville en 1777, les académiciens rochelais se livrent devant lui à une expérience sur la torpille.

Suppression et renaissance

Comme toutes les académies et associations, l’Académie de La Rochelle est supprimée pendant la Révolution et ses collections nationalisées de fait. Les Rochelais sauront cependant éviter leur dispersion et obtiendront une dérogation pour conserver dans leur ville le cabinet de Clément Lafaille et l’essentiel de la bibliothèque de l’Académie destinés initialement à enrichir l’Ecole centrale du département, créée au chef-lieu du nouveau département de la Charente-Maritime, alors Charente-Inférieure, à Saintes.

Sous le Consulat, le préfet en 1800 rétablit une société des belles-lettres, sciences et arts à La Rochelle ; elle prendra le nom de Lycée rochelais ou d’Institut littéraire puis d’académie en 1803. L’Académie joue sous l’Empire puis sous la Restauration un rôle d’expertise : le préfet, mais également le maire font régulièrement appel à elle. Elle organise des concours et ouvre même des cours industriels dans la cité. Cependant son rôle s’atténue sous la Monarchie de Juillet, à une époque où sont créées dans la ville plusieurs sociétés savantes comme la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure en 1836, la Société des Amis des arts en 1840 ou la Société de médecine l’année suivante en 1841.

Il faut attendre le Second Empire pour voir l’Académie renaître véritablement sous l’impulsion de Léopold Delayant qui, dès 1853, favorise la création d’une société littéraire. À son initiative, plusieurs sociétés savantes de la cité, Société littéraire, Société d’agriculture, Société des sciences naturelles et Société de médecine se fédèrent pour reconstituer l’Académie de La Rochelle, tout en conservant chacune leur indépendance. Signe de ce dynamisme retrouvé, la compagnie reprend ses séances publiques annuelles dont les comptes rendus sont publiés jusqu’à la fin du siècle.

L’activité de la compagnie s’essouffle cependant de nouveau à la veille de la première guerre mondiale ; à partir de 1911, les réunions publiques disparaissent. Il faudra attendre dix ans pour que l’Académie retrouve ses activités, ses conférences, ses séances publiques et ses publications. En 1932, le bicentenaire de la société est célébré avec faste, mais dès 1935, les publications s’interrompent et l’Académie se fait discrète, ne donnant plus que quelques conférences. Après l’interruption de la seconde guerre mondiale qui s’achève à La Rochelle en mai 1945, l’Académie reprend vie. Le président René Mondon lui donne de nouveaux statuts et organise sur le modèle du Second Empire des séances publiques annuelles qui associent les autres sociétés savantes de la ville.

Plus récemment, Charles Mavaut relance les conférences internes et les publications de l’Académie avec les Annales de l’Académie, nouvelle série, à partir de 1992. Il soutient activement la création de la Conférence nationale des académies qui réunit les académies historiques du pays sous l’égide de l’Institut de France et a le grand plaisir d’accueillir la conférence nationale à La Rochelle en 2000. Jean Flouret lui succède en 2008 et organise pour sa part différentes tables rondes sur Choderlos de Laclos, le président Dupaty, tous deux membres de l’Académie ou encore Vauban.

Depuis bientôt trois siècles, en dépit des vicissitudes, l’Académie des Belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle maintient le cap, et comme ses fondateurs au XVIIIe siècle, elle s’efforce de participer activement à la vie culturelle de la cité .

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